ZEMRUDE
Zemrude. C'est l'évocation graphique d'un texte d'Italo Calvino, un auteur néo réaliste italien (1923-1985). En 1972, paraît "les villes invisibles", recueil de nouvelles où il décrit des citées extraordinaires et imaginaires dont: Zemrude.
J'ai réalisé ce travail en 2014, avec des idées mais pas de modèles. Le texte, en premier lieu met l'accent sur la verticalité, dont je me suis servi dans l'organisation des planches. Mais en fond transparait les inégalitées de classes, qui d'habitude se retouvent associées aux quartiers, mais qui là sont liées à l'altitude, et dont découle une mélancolie. Je sais, ça parait confus.
Je livre l'extrait qui m'a servi pour cette composition:
"C'est selon l'humeur de celui qui la regarde que Zemrude prend sa forme. Si tu y passes en sifflotant, le nez au vent, conduit par ce que tu siffles, tu la connaîtras de bas en haut : balcons, rideaux qui s'envolent, jets d'eau. Si tu marches le menton sur la poitrine, les ongles enfoncés dans la paume de la main, ton regard ira se perdre à ras de terre, dans les ruisseaux, les bouches d'égout, les restes de poisson, les papiers sales. Tu ne peux pas dire que l'un des aspects de la ville est plus réel que l'autre, pourtant tu entends parler de la Zemrude d'en-haut surtout par ceux qui se la rappellent pour s'être enfoncés dans la Zemrude d'en bas, parcourant tous les jours les mêmes morceaux de rue et retrouvant le matin la mauvaise humeur de la veille collée au pied des murs. Pour tous, vient tôt ou tard le jour où ils abaissent le regard en suivant les gouttières et ne parviennent plus à le détacher du pavé. Le cas opposé n'est pas exclu, mais il est plus rare : c'est pourquoi nous continuons à tourner dans les rues de Zemrude avec des yeux qui désormais fouillent plus bas que caves, jusque dans les fondations et les puits."
Italo Calvino, "les villes invisibles".
La page 2 avec un encrage plus récent.
détail: